Maison et bien-être psychologique : comment notre habitat influence nos relations et notre santé mentale

A happy couple surrounded by boxes while moving into a new apartment, symbolizing fresh beginnings.

1. Une histoire de maison et de vie

« Quand je rentre chez moi, je me sens oppressé. »
« Mon salon est mon refuge, c’est là que je respire. »

Ces phrases, simples en apparence, révèlent une vérité fondamentale : la maison influence la santé mentale. En effet, notre habitat n’est pas neutre : il agit comme un miroir de notre équilibre psychologique et de nos relations.

Quand un lieu nous apaise, il nourrit notre équilibre émotionnel. En revanche, lorsqu’il nous oppresse, il peut entretenir stress, anxiété ou tensions relationnelles.

C’est pourquoi il est essentiel de comprendre le lien subtil entre habitat et bien-être psychologique, en croisant Gestalt-thérapie, philosophie, neurosciences et monde du travail.


2. Quand les murs parlent : de la poésie à la science

La maison comme espace existentiel

Tout d’abord, les philosophes se sont intéressés à ce lien bien avant les scientifiques.

  • Gaston Bachelard, dans La poétique de l’espace (1957), décrit la maison comme une « coque protectrice » qui façonne notre mémoire affective. Ainsi, chaque pièce, chaque recoin, influence nos émotions et nos souvenirs.
  • De son côté, Heidegger, dans Bâtir, Habiter, Penser (1951), affirme que « habiter, c’est exister ». Autrement dit, l’acte d’habiter engage notre être-au-monde bien au-delà de l’aspect pratique.

La maison comme facteur de santé mentale

Ensuite, les sciences modernes ont confirmé ces intuitions :

  • Roger Ulrich (1984) a prouvé que des patients hospitalisés avec une vue sur des arbres guérissaient plus vite que ceux face à un mur.
  • De plus, la Harvard COGfx Study (2015) démontre que la qualité de l’air intérieur et de la lumière influe directement sur les capacités cognitives, la concentration et l’humeur.
  • Enfin, en psychologie environnementale, Proshansky (1983) et Altman (1975) montrent que l’attachement à un lieu et le sentiment de contrôle sur son espace domestique renforcent la stabilité psychique.

En résumé : l’habitat et la santé mentale sont intimement liés.


3. La maison comme champ de contact en Gestalt

En Gestalt-thérapie, nous travaillons avec le champ de contact : ce qui se passe dans la rencontre entre soi et l’environnement.

Ainsi :

  • Une maison claire et ordonnée soutient l’ouverture et la disponibilité à l’autre.
  • En revanche, un espace encombré et sombre peut nourrir la fatigue, la fermeture et la tension.

Observer comment la maison influence le bien-être psychologique est donc un moyen de mieux comprendre sa relation à soi et aux autres.


4. Exemple concret : quand l’espace soutient ou freine la relation

Prenons un couple.

  • D’une part, chaque soir, ils se retrouvent dans un salon surchargé, sombre, avec une télévision en bruit de fond. La communication se réduit, l’irritabilité monte.
  • D’autre part, dans un salon lumineux et aéré, où chacun a un espace de retrait et un lieu de partage, les échanges se font plus facilement.

Ainsi, l’aménagement de l’espace domestique ne crée pas la relation, mais il soutient ou fragilise subtilement les liens affectifs.


5. L’entreprise comme habitat collectif

Nous passons une grande partie de notre temps… au travail. Par conséquent, nos bureaux, open spaces et espaces de télétravail deviennent nos « deuxièmes maisons ».

Et, tout comme à la maison, l’environnement professionnel agit sur notre bien-être psychologique et physique.

Bien-être psychologique en entreprise

  • Tout d’abord, le bruit permanent des open spaces augmente stress et fatigue cognitive (Aries et al., 2013).
  • De plus, le désordre et la surcharge visuelle accroissent le cortisol, l’hormone du stress (Saxbe & Repetti, 2010).
  • Enfin, la satisfaction environnementale (acoustique, lumière, confort thermique) est directement liée à la motivation et à l’engagement des collaborateurs (Arata, 2025).

Bien-être physique au travail

  • En effet, la lumière naturelle améliore le sommeil et réduit la fatigue (Woo et al., 2021).
  • De plus, la qualité de l’air intérieur influence la performance cognitive et la santé générale (Allen et al., 2015).
  • Cependant, dans des environnements mal conçus, le syndrome du bâtiment malsain peut apparaître : migraines, irritations, troubles respiratoires.

Ainsi, comme à la maison, l’aménagement de l’espace de travail influe directement sur la santé globale, la performance et la qualité relationnelle.


6. 3 clés pour transformer son rapport à l’habitat et au bureau

1. Désencombrer avec conscience

Un habitat ou un bureau désencombré libère aussi l’esprit. En effet, des études montrent que le désordre chronique augmente le stress psychique et freine la concentration.

2. Créer des espaces différenciés

À la maison : un coin ressource (fenêtre, chaise confortable, plante, lumière douce) peut devenir un ancrage psychologique.
Au bureau : prévoir des zones calmes pour la concentration et des espaces ouverts pour la collaboration favorise l’équilibre relationnel.

L’architecte Christopher Alexander (A Pattern Language, 1977) plaidait déjà pour des environnements équilibrant intimité et coopération.

3. Aligner espaces et valeurs

Nos lieux reflètent nos choix de vie. Par conséquent, une maison ou un bureau aligné avec nos valeurs soutient notre bien-être psychologique et relationnel.

Clare Cooper Marcus (House as a Mirror of Self, 1995) montre que nos aménagements révèlent et influencent notre identité profonde.


7. Conclusion : habiter, c’est entrer en relation

En définitive, prendre soin de sa maison ou de ses bureaux n’est pas un luxe. C’est une façon de prendre soin de son bien-être psychologique et physique.

La Gestalt-thérapie nous invite à poser cette question :

  • Comment je me sens dans mon espace de vie ou de travail ?
  • Est-ce que cet environnement soutient ou freine mes élans relationnels ?
  • Quels ajustements puis-je apporter pour habiter plus pleinement ma vie ?

Une maison ou un bureau n’est jamais neutre : ce sont des miroirs silencieux qui influencent notre santé mentale, nos émotions, nos relations et même notre efficacité au travail.

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