Introduction : la rentrée, une période ambivalente
Chaque année, la rentrée revient comme un rendez-vous inévitable. Pour certains, elle rime avec excitation et renouveau ; pour d’autres, avec fatigue et appréhension. La vérité, c’est que ce moment est souvent traversé d’émotions contradictoires : l’envie d’avancer et la peur de perdre sa liberté, la joie de retrouver ses proches et la lourdeur des contraintes à gérer.
La Gestalt-thérapie nous invite à accueillir cette ambivalence : la rentrée peut être difficile et porteuse de nouveauté. Elle est un terrain privilégié pour interroger notre relation à nous-mêmes… et aux autres.
1. Quand la rentrée pèse lourd : comprendre la charge mentale
La rentrée est souvent décrite comme une « course » : fournitures scolaires, emploi du temps à réorganiser, activités des enfants, mails professionnels à rattraper… Beaucoup ressentent une fatigue avant même d’avoir commencé.
Les sociologues parlent ici de charge mentale : ce travail invisible d’anticipation, de planification et de coordination, conceptualisé par Monique Haicault dès 1984. Aujourd’hui encore, il pèse davantage sur les femmes, comme le confirment de récentes enquêtes (Ifop, 2023).
Du côté psychologique, plusieurs cliniciens soulignent que ce trop-plein d’obligations peut provoquer anxiété, irritabilité et sentiment d’isolement. La psychologue Emma Pisarz rappelle que la clé réside souvent dans de petites pratiques d’hygiène de vie : déléguer, alléger ses listes de tâches, instaurer des moments de pause.
👉 Autrement dit : reconnaître que la rentrée est lourde, c’est déjà s’offrir un espace de respiration.
2. La rentrée comme transition sociale et émotionnelle
Au-delà de la logistique, la rentrée est aussi un moment de transition identitaire et relationnelle.
- Le sociologue François Dubet décrit l’emprise scolaire comme un poids collectif : nos sociétés attendent énormément de l’école et du travail, ce qui accentue la pression sur les familles et les individus.
- Pour les adolescents, cette période peut renforcer le stress de performance, parfois jusqu’au burnout scolaire.
Mais toute transition contient aussi une opportunité : celle de revisiter nos routines, d’apporter du neuf dans l’ancien.
C’est ici que le regard psychologique devient précieux. Le concept de schéma de soi, développé par Hazel Markus, nous éclaire : à la rentrée, chacun active des représentations intérieures (le parent organisé, le professionnel performant, l’enfant studieux) qui influencent sa manière de vivre cette période. Ces schémas peuvent enfermer… mais ils peuvent aussi être revisités.
👉 C’est l’occasion de s’interroger : quelle place me suis-je donnée dans cette rentrée ? Est-ce que je peux l’élargir, la réinventer ?
3. La relation à soi : retrouver congruence et bienveillance
Carl Rogers, figure de la psychologie humaniste, rappelait l’importance de la congruence : être en accord avec soi-même. À la rentrée, il est facile de se perdre dans les attentes extérieures et d’oublier ses besoins propres.
Se relier à soi, c’est :
- S’autoriser à reconnaître sa fatigue sans se juger.
- Identifier ses besoins (repos, organisation, soutien) et leur donner une place réelle.
- Se parler avec la même bienveillance que l’on offrirait à un proche.
Dans la perspective gestaltiste, cette attention à soi permet de « prendre conscience » et d’ouvrir de nouveaux choix : la rentrée n’est plus seulement subie, mais peut devenir un espace de création personnelle.
4. La relation à l’autre : du poids aux ressources
La rentrée est aussi un moment de forte interaction : collègues, enseignants, enfants, conjoints. La charge mentale peut transformer ces liens en tensions.
Le psychologue Thomas Gordon proposait une voie simple mais puissante : l’écoute active et le message-je. Plutôt que de projeter sa fatigue ou son agacement, exprimer ses besoins personnels (« je me sens débordé, j’aurais besoin de ton aide ») ouvre un espace de dialogue, et non de conflit.
La rentrée peut alors devenir un terrain pour renforcer les liens :
- Retrouver ses collègues comme une source d’énergie partagée.
- Observer ses enfants s’ouvrir à de nouvelles amitiés et en être témoin.
- Partager ses difficultés avec ses proches, plutôt que de les porter seul.
👉 La relation à l’autre n’est plus vécue comme une contrainte, mais comme une ressource.
5. Résilience et ouverture : accueillir la dualité
La psychologue Marie Anaut, spécialiste de la résilience, rappelle que toute transition est une épreuve… mais aussi un levier de croissance. La rentrée, dans cette perspective, n’est ni totalement joyeuse ni uniquement pénible : elle est les deux à la fois.
La Gestalt nous invite à accueillir cette dualité :
- Reconnaître la fatigue, la charge, l’anxiété.
- Mais aussi honorer le souffle nouveau, les rencontres, l’ouverture.
C’est dans cet équilibre que chacun peut trouver sa liberté : non pas supprimer la difficulté, mais choisir comment la vivre.
Conclusion : et si nous changions de regard ?
La rentrée n’a pas besoin d’être vécue comme une fatalité. Elle peut être lourde et contraignante… mais aussi inspirante et stimulante.
Se relier à soi, être authentique dans nos liens avec les autres, accueillir les transitions comme des espaces de transformation : voilà peut-être la clé pour vivre la rentrée autrement.
💬 Et vous, comment vivez-vous cette rentrée ?
Fatigue, nouveauté, un mélange des deux ? Je vous invite à partager votre expérience en commentaire.
On se suit !


